Convoquée du 27 au 29 novembre dans la ville de Kalemie, province du Tanganyika, la 11e session de la Conférence des gouverneurs aura pour thème: «Renforcer la gouvernance des provinces afin d’assurer la cohésion communautaire, facteur clé de la réussite du PDL-145». Cependant, l’opinion reste un peu sceptique quant à l’impact réel de ces travaux sur la vie des provinces. La raison: les recommandations qui sortent de ces assises finissent par prendre poussière dans les tiroirs de l’histoire, et les provinces demeurent des enfants pauvres de la République.
Structure de la société civile, la DYCOD-RDC saisit cette occasion pour attirer l’attention du pouvoir central sur l’urgence d’une décentralisation effective et d’une gouvernance locale responsable. Elle rappelle que la Constitution de 2006 voulait renforcer l’autonomie des provinces pour qu’elles puissent, à leur tour, se transformer en moteurs de développement. Mais rien n’a été fait.
«Le centralisme excessif persiste, concentrant le pouvoir de décision et les ressources financières à Kinshasa, au détriment des 26 provinces qui composent le pays», souligne cette organisation dirigée par Me Patient Bashombe Matabishi.
Les défaillances de la rétrocession
Pendant que le débat autour de la Constitution défraie l’actualité, la DYCOD revient, elle, sur la non application de l’article 175 de la Constitution qui prévoit la retenue à la source des 40% des recettes nationales par les provinces. Dans les faits, on parle plutôt de la rétrocession. «Les transferts effectifs aux provinces oscillent rarement au-delà de 10%», indique la DYCOD. Par conséquent, les initiatives locales sont étouffées et la pauvreté aggravée. L’exemple de la province du Haut-Katanga, riche en minerais, mais aux infrastructures déplorables, est éloquent. «L’absence de rétrocession effective entrave le développement. Les communautés locales continuent de vivre dans la précarité, faute d’un transfert efficace des richesses», souligne la DYCOD.
Des millions de dollars disparus à la Caisse de péréquation!!!
Autre problème: la Caisse de Péréquation. Instituée par l’article 181 de la Constitution, elle a la mission de réduire les disparités régionales en soutenant les provinces les moins développées. Dans les faits, la DYCOD signale que son impact est marginal à cause d’une mauvaise gestion et d’un manque de transparence. «Le détournement de fonds, les retards dans la libération des financements, et le manque de suivi des projets ont largement compromis (ses) objectifs initiaux», révèle la DYCOD.
Et d’ajouter: «des audits récents révèlent que des millions de dollars, alloués à des projets censés améliorer l’accès aux services publics, n’ont jamais atteint les bénéficiaires prévus».
Pour y remédier, la DYCO-RDC recommande, entre autres, d’impliquer les représentants des communautés et les organisations locales dans le processus de suivi pour garantir que les projets bénéficient réellement aux populations ciblées. Mais aussi, de renforcer les capacités de la Cour des Comptes pour mener des audits réguliers et indépendants.
La politisation de l’administration
La DYCOD pointe aussi du doigt la politisation excessive des administrations provinciales comme frein au développement des provinces. Elle déplore le fait qu’à chaque changement politique, les fonctionnaires sont souvent remplacés par des partisans, sans tenir compte de leurs compétences. Elle estime que la RDC doit adopter des réformes structurelles visant à dépolitiser l’administration publique et promouvoir le mérite.
MATSHI Darnell