Le Vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a livré un exposé, ce lundi au studio Maman Angebi de la RTNC. Dans un Briefing Spécial animé aux côtés du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya ce 14 avril 2025, le patron de l’Économie congolaise a décortiqué l’évolution de la conjoncture économique nationale dans un contexte marqué par la guerre à l’Est et une pression croissante sur le pouvoir d’achat des ménages.
Dans son introduction, le professeur Mukoko Samba a rappelé que « dans un contexte de guerre, qui ajoute des défis supplémentaires à ceux déjà inhérents à la gestion de toute économie dans le monde, le gouvernement a su faire face ». Il a reconnu les difficultés rencontrées au démarrage du second mandat du président Tshisekedi, dans un environnement macroéconomique instable et marqué par la flambée du taux de change.
« Beaucoup d’analystes prévoyaient que le dollar allait franchir la barre de 3 000 FC avant la fin de l’année 2024. Ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il souligné, saluant la coordination entre le gouvernement, la Banque centrale et les régies financières.
Le ministre a insisté sur les efforts de la Banque centrale du Congo (BCC), notamment à travers la vente régulière des bons BCC. « Ces bons sont de plus en plus demandés, ce qui traduit une confiance dans les institutions économiques du pays », a-t-il affirmé. À ses yeux, cette politique monétaire ciblée a contribué à la stabilisation du taux de change et à la protection de l’économie nationale.
Sur le plan pratique, Daniel Mukoko Samba a mis en avant une série de mesures ayant permis de contenir les prix de certains produits essentiels. « Nous avons baissé les prix des carburants en octobre 2024 d’environ 13 % », a-t-il rappelé. Résultat : la consommation a bondi de 33 % le mois suivant, frôlant aujourd’hui les 50 %. « À Kinshasa, SEP livre désormais entre 3 000 à 3 500 m³ par jour, contre 1 500 m³ avant cette décision. »
Les effets sont aussi visibles sur les marchés. « Le prix du mpiodi (chinchard) a baissé et est resté stable depuis. », a-t-il ajouté.
L’outil TALO pour scruter les prix
Dans une démarche de transparence et de suivi des prix, le ministère a lancé l’application TALO, développée par de jeunes Congolais. « Elle nous permet de prélever les prix sur différents marchés, boutiques et alimentations, avec un suivi hebdomadaire. Les premiers résultats de mars confirment la stabilité des prix des biens de grande consommation. »
Mais TALO a aussi révélé une fracture majeure dans l’économie kinoise : « Des écarts de prix jusqu’à 75 % sur le même produit. »
Répondant à la critique sur les manques à gagner liés aux subventions, Daniel Mukoko a été clair : « Le gouvernement a choisi de vendre les produits pétroliers à un prix inférieur au prix économique. » Il a expliqué : « Le prix actuel est calculé sur la base d’un taux de change de 2 600 FC/USD, alors que le marché est à 2 850 FC. » Une stratégie qui permet de protéger le consommateur final.
Il a aussi rassuré : « Les manques à gagner, évalués à 300 millions USD en 2023, ont été entièrement remboursés. Pour le premier semestre 2024, nous sommes à 16 millions USD. Et nous comptons rester dans cette limite. »
Face à ceux qui qualifieraient la stabilité actuelle de factice, le ministre répond sans détour : « Elle ne l’est pas. Nous avons les leviers nécessaires. » Il cite notamment les réserves de change de 6 milliards USD. « Grâce à cela, la Banque centrale peut soutenir les dépenses publiques, rembourser la dette extérieure et garantir l’approvisionnement en devises. »
« L’élément déterminant, c’est la coordination entre le ministère des Finances, la Banque centrale et le comité de conjoncture économique, qui se réunit chaque semaine à la Primature. C’est ce travail d’alignement qui nous permet de stabiliser le marché », fait-il savoir.
Osée MABIALA