Multiplication des ministères, des conseillers et surabondance des services redondants qualifiés par le Vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique, Jean Pierre Lihau, d’« obésité institutionnelle », sans oublier les salaires exorbitants pour leurs animateurs… Ces dérives alourdissent le fonctionnement de l’État en RDC, où, en plus de la guerre, la population subit les ravages de la pauvreté.
Dans son étude publiée le 28 avril dernier, l’Observatoire des Dépenses Publiques (ODEP) appelle à des réformes structurelles pour rationaliser les dépenses publiques dans le cadre du processus de paix et de reconstruction du pays.
Une réforme salariale et une gestion austère des finances publiques
L’ODEP propose de plafonner le salaire net du Président de la République à 5 000 dollars par mois, citant comme référence internationale le Président français (8 000 euros mensuels) et le Président chinois (3 000 euros).
De plus, l’Observatoire préconise une réduction drastique de la liste civile présidentielle, passant de 12 millions de dollars annuels à 2,4 millions, soit 200 000 dollars par mois. Une mesure qui, selon l’ODEP, permettrait de rediriger les ressources publiques vers des secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé ou les infrastructures.
La tension salariale dans toutes les administrations devrait osciller entre 300 dollars pour le salaire le plus bas et 6 000 dollars pour le salaire le plus élevé, celui du Premier ministre. « Une telle réduction serait un signal fort d’austérité et de gestion rigoureuse des finances publiques », insiste l’ODEP.
Restructurer la présidence pour plus d’efficience
L’ODEP recommande de libérer la présidence de la République des services relevant des ministères, comme le complexe agricole de Kaniama Kasese, et de limiter sa structure à un Directeur de cabinet, un Directeur adjoint, six collèges spécialisés (économie, infrastructures, santé, éducation, environnement, diplomatie), un conseiller spécial pour la sécurité et un Secrétariat général. « Les présidents passent, mais l’administration doit rester solide et pérenne », rappelle l’ODEP.
Réduire le gouvernement à taille humaine
Avec ses 60 ministères, la structure actuelle du gouvernement est jugée disproportionnée par l’ODEP, surtout au regard du faible budget public. En comparaison, des pays comme la France, avec un PIB bien supérieur, fonctionnent avec beaucoup moins de ministères.
L’ODEP propose de ramener le gouvernement à 10 ministères, dirigés par un Premier ministre unique, et de limiter les cabinets ministériels à un Directeur de cabinet, un conseiller spécial, et cinq conseillers au maximum.
Rationaliser le parlement et les institutions provinciales
L’Observatoire plaide pour la suppression du Sénat, dont les coûts sont jugés excessifs, et pour une réduction du nombre de députés à 300. S’inspirant du Sénégal, l’ODEP affirme que de telles économies pourraient financer des projets essentiels comme des centrales solaires.
Au niveau provincial, l’ODEP propose de renforcer le rôle des Directeurs provinciaux, similaires aux Préfets français, pour garantir une administration efficace et indépendante des aléas politiques locaux.
Repenser la diplomatie congolaise
Par ailleurs, l’ODEP préconise une refonte des relations diplomatiques en regroupant les ambassades par régions. « Une seule représentation diplomatique suffirait pour l’Union Européenne ou l’Amérique du Nord », souligne l’ODEP.
Ce modèle pourrait s’étendre à l’Afrique, avec des représentations dédiées à des sous-régions comme la CEDEAO ou l’ Afrique Centrale, transformant les ambassades en centres actifs de coopération scientifique, économique et technologique.
Hugo Robert MABIALA