Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République, dénonce avec virulence le projet de sponsoring de clubs européens par l’État congolais pour un montant estimé à 43 millions de dollars. Dans une lettre ouverte adressée au président Félix Tshisekedi le 16 juillet 2025, il qualifie cette initiative d’« affront aux souffrances du peuple congolais » et appelle solennellement à son abandon. « Le Congo n’a pas besoin de publicité hors sol », écrit-il, mais de « solutions concrètes, de politiques publiques responsables, de justice sociale ».
L’ancien gouverneur du Katanga déplore que de telles sommes soient mobilisées alors que « plus de 7 millions de Congolais sont déplacés internes », que « 25 millions souffrent de la faim », et que « 80 % sont privés d’installations sanitaires décentes ». Selon lui, « dans ces camps, des familles entières survivent sans eau, sans soins, sans école, sous des bâches en lambeaux ».
Katumbi dénonce un profond décalage entre les priorités du gouvernement et les réalités vécues par la population. Il accuse le pouvoir de « mépriser la réalité sociale » et de sombrer dans « le fétichisme publicitaire financé par le Trésor public ». Il déplore : « Pendant que nos jeunes footballeurs s’imposent, seuls, dans les plus grands championnats du monde, ici à Kinshasa, on préfère s’acheter une vitrine étrangère plutôt que de construire une base locale solide ».
Il fustige également l’état déplorable du football congolais, abandonné par les pouvoirs publics. « On débloque des millions de dollars pour sponsoriser des clubs européens richissimes, alors qu’on est incapable de réunir 600 000 dollars pour finir notre propre championnat », pointe-t-il. À ses yeux, ce contraste traduit un « complexe d’infériorité érigé en politique d’État ».
Le président d’Ensemble pour la République s’insurge enfin contre le caractère opaque de ce projet. « Non inscrit dans le budget national, non débattu, non transparent », il souffre selon lui d’un « cruel manque de légitimité démocratique ». Il martèle : « L’argent du peuple doit servir le peuple ».
Interpellant de manière directe le Président, Moïse Katumbi exhorte Félix Tshisekedi à faire un choix de conscience : « Choisissez le peuple. Le peuple congolais attend autre chose que des campagnes d’image : il attend du pain, de l’eau, des soins, une école, la paix ».
Osée MABIALA