Après l’Opposant Moïse Katumbi de l’Ensemble pour la République, Joseph Kabila Kabange, Président honoraire de la République Démocratique du Congo, a rencontré le 16 et le 17 décembre 2024 à Addis-Abeba en Ethiopie, une délégation du Cadre de concertation des forces politiques et sociales conduite par Claudel Lubaya. «Au regard de la volonté manifeste du président sortant, Monsieur Félix Tshisekedi, de torpiller l’élan démocratique de notre pays par la réinstauration de la dictature, nous nous sommes résolus d’unir nos efforts et de rassembler les forces vives de la nation afin de défendre le pacte républicain et sauvegarder ainsi les acquis de notre jeune démocratie, héritage d’un processus laborieux empreint de nombreux sacrifices».
Au menu des échanges, la situation générale du pays sur les plans politique, économique, social, sécuritaire et humanitaire. «Au terme de ces entretiens, nous avons déploré la persistance de la crise sécuritaire qui sévit dans l’Est, aggravée par une gouvernance chaotique, entraînant une catastrophe humanitaire sans précédent: 7 millions de déplacés internes, 1 million de réfugiés dans les pays voisins», souligne le compte rendu de la rencontre entre les deux personnalités politiques qui ont lancé un appel à la mobilisation nationale en faveur de des populations abandonnées.
Kabila et Lubaya estime que la gestion de la situation sécuritaire manque de lisibilité et d’efficacité. «Les choix et décisions hasardeux, les tâtonnements et les essai-erreurs sont à la base de l’impasse actuelle. Le pouvoir en place porte davantage son choix sur les forces étrangères, les milices et mercenaires au détriment de nos forces armées», font-ils remarquer. Et de rappeler: «Or, comme par le passé, l’expérience a montré qu’organisées, soutenues et dotées des moyens conséquents, les FARDC sont à même de défendre l’intégrité de notre territoire face aux menaces d’où qu’elles viennent».
«Menace pour notre existence»
Par ailleurs, Joseph Kabila et Claudel Lubaya ont décidé de de tout mettre en œuvre pour faire échec, en vertu de l’article 64 de la Constitution, à ce qu’ils appellent «la dictature en cours». Pour eux, l’article 64 demeure leur «seul et ultime rempart contre toute manœuvre visant à confisquer et à exercer le pouvoir en violation de la Constitution».
A les en croire, ce qui fonde leur conviction la gouvernance du Président Tshisekedi. «Il est de notoriété publique que le Président Tshisekedi a, pour son intérêt personnel, détruit les fondements de notre Nation qu’il est pourtant censé protéger. Il s’est érigé lui-même à la fois en menace à notre existence en tant que peuple et en artisan du chaos institutionnel dont souffre le pays. Il ne connaît ni limites ni mesures, accumulant les erreurs sans jamais en tirer des leçons. Son obsession à gouverner par défi, en ignorant les alertes même celles venant de son propre camp, est une dérive inquiétante», indiquent les deux hommes politiques.
Dans ce même compte-rendu, ils déplorent «le fait que face à l’insécurité généralisée, aux millions de Congolais déplacés par la guerre et en errance, à la misère grandissante, à l’inflation galopante, à la montée du chômage et au désespoir, le président sortant, Félix Tshisekedi, ait fait le choix de diviser davantage notre Nation par des propos dénués de sens et par des discours incendiaires sur fond de mensonges, manipulations, injures publiques et diabolisation».
Pour Kabila et Lubaya, la conduite des affaires publiques par le Président Tshisekedi est un poison pour la paix, la stabilité, l’unité nationale et le vivre ensemble. «Il porte en lui, les germes du chaos. Il ne voue aucune considération ni aucun respect à l’esprit et à la lettre de notre pacte républicain, et viole délibérément les termes de son serment constitutionnel (Article 74 de la Constitution). De sa part, il s’agit d’un cas flagrant de haute trahison (Articles 164 et 165). L’interprétation hérétique qu’il fait de la Constitution parallèlement à son funeste projet de créer une commission ad hoc au service de son ambition personnelle révèle sa tentation de braver l’interdit», signalent-ils avant d’ajouter: «Il s’agit d’un coup d’état constitutionnel dont lui seul portera la responsabilité».
Rappelons qu’en janvier 2019, le Président honoraire Joseph Kabila passait le pouvoir à l’actuel président congolais Félix Tshisekedi après avoir effectué ses deux mandats constitutionnels. Ce qui a marqué une étape importante dans le processus democrature en RDC car c’était la première alternance pacifique que le pays ait connu.
Rémy NSIMBA