Kwamouth | Barbarie des Mobondo, des femmes racontent l’enfer vécu

« Nous étions attachées comme des bêtes. Ils nous violaient à tour de rôle pendant deux mois, parfois devant nos propres enfants », murmure Christelle, la voix brisée.

Depuis 2022, le territoire de Kwamouth, dans la province du Maï-Ndombe, est le théâtre d’un conflit sanglant opposant la milice Mobondo aux forces gouvernementales et aux communautés locales. Selon certaines sources, plus de 1 000 civils ont péri dans des massacres d’une brutalité inouïe, tandis que des milliers de personnes ont été forcées à l’exil.

Derrière ces chiffres se cache une tragédie encore plus insoutenable : celle des femmes. Elles sont des cibles privilégiées de la barbarie. Violences sexuelles, assassinats de proches, enlèvements, esclavage et initiations mystiques… Un calvaire inhumain.

Voici quelques récits de femmes qui ont survécu aux atrocités des Mobondo et qui portent en elles les traces indélébiles de cet enfer.
Josline Boleke, originaire de la province de l’Équateur, et Abongo Ekula, du Maï-Ndombe, en sont deux témoins vivants.

Tenez. Le 8 décembre 2024, alors que le soleil déclinait sur la ferme Aviation, en bordure du fleuve Congo, leur village a été pris d’assaut par une trentaine d’hommes armés de fusils AK-47 et de machettes. Les miliciens ne leur ont laissé aucune chance. « Ils nous ont rassemblés, hommes et femmes, comme du bétail », se souvient Josline, le regard plongé dans le vide, comme si elle revivait encore la scène où son mari et leurs trois enfants ont été abattus sous ses yeux.
Elle raconte, en sanglotant, comment les Mobondo ont découpé leurs corps avant de jeter les morceaux dans le fleuve, comme de vulgaires détritus.

Après avoir exécuté les hommes, les Mobondo se sont tournés vers les femmes. Josline, Abongo et dix-huit autres ont été violées à tour de rôle, puis enfermées dans une case à laquelle les miliciens ont mis le feu.

Seules neuf d’entre elles ont survécu, grâce à l’intervention tardive des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), venues à leur rescousse. « Quand ils ont ouvert la porte, nous étions déjà à moitié mortes », confie Abongo, dont le corps porte encore les stigmates des flammes.

Les sanctuaires de la terreur

Si pour certaines d’entre elles le calvaire n’a duré que quelques heures, d’autres l’ont vécu pendant des mois. Sarah Batumbo et Christelle Senga, filles-mères, ont été enlevées lors d’une attaque contre le village de Kamakiro, le 4 janvier 2025. Conduites dans un sanctuaire de la milice Mobondo au cœur de la forêt, elles ont subi l’impensable.

« Nous étions attachées comme des bêtes. Ils nous violaient à tour de rôle pendant deux mois, parfois devant nos propres enfants », murmure Christelle, la voix brisée.
En plus des viols répétés, les captives étaient soumises à des rituels impliquant l’ingestion de breuvages mystiques.
Leur calvaire n’a pris fin que grâce à un affrontement entre les miliciens et l’armée congolaise en patrouille, ce qui leur a permis de s’échapper.

Des crimes documentés, mais une justice encore lointaine

Face à l’ampleur des atrocités, plusieurs organisations nationales, locales et de la société civile ont entrepris de documenter les crimes de guerre et les violences sexuelles commises dans le territoire de Kwamouth. Elles recensent les témoignages, les preuves et les charniers. Mais la question demeure : ces bourreaux seront-ils un jour jugés ?

Antony Mualushayi, porte-parole des opérations Ngemba, assure que les responsables, qu’ils soient exécutants ou commanditaires, devront rendre des comptes. « Ces crimes ne resteront pas impunis », martèle-t-il.

Aujourd’hui, alors que les combats continuent de faire rage, les survivantes peinent à se reconstruire. Sans suivi médical ni soutien psychologique, beaucoup sombrent dans la dépression ou la stigmatisation sociale.

Precious PETU

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