La RDC exige des explications sur l’entretien jugé illégal entre le Mécanisme Conjoint de Vérification Élargi et l’AFC/M23

Le Mécanisme National de Suivi hausse le ton après la rencontre, jugée « illégale », entre des membres du Mécanisme Conjoint de Vérification Élargi (MCVE) et des responsables du mouvement rebelle M23/AFC à Goma. L’affaire provoque une onde de choc diplomatique dans la région des Grands Lacs, mettant en cause la neutralité de certains organes régionaux censés œuvrer pour la paix.

Dans une déclaration officielle rendue publique le 3 juin 2025, le Mécanisme National de Suivi (MNS) de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba a exprimé « sa vive désapprobation et sa profonde préoccupation face aux récentes actions du Mécanisme Conjoint de Vérification Élargi (MCVE), structure relevant de la CIRGL ».

L’organe congolais dénonce fermement la rencontre du 2 juin entre le MCVE et des responsables rebelles à Goma. « En rencontrant sans mandat explicite des éléments rebelles affiliés au M23-AFC et en s’engageant à s’entretenir régulièrement avec eux », le MCVE, ou du moins certains de ses membres, « enfreint gravement l’Accord-cadre d’Addis-Abeba », déclare le MNS, pointant également « les propos inacceptables tenus par son Coordinateur comme reconnaissant implicitement les responsables rebelles ».

L’indignation est également relayée par l’Ambassade de la RDC à Bujumbura. Dans une note verbale adressée au Secrétariat Exécutif de la CIRGL, la mission diplomatique congolaise se dit profondément choquée par cette rencontre, dénonçant « les agissements d’un organisme régional censé travailler avec les autorités étatiques officielles du Gouvernement Congolais ».

L’Ambassade affirme que cette posture du MCVE « est de nature à encourager la déstabilisation de la sous-région par des mouvements rebelles », et viole « l’esprit de l’Union Africaine et des Organismes Régionaux œuvrant pour la paix en Afrique ».

Pour le MNS, ces faits prennent une gravité supplémentaire dans le contexte où ils surviennent juste après la 12ᵉ Réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, tenue à Kampala le 28 mai 2025. À cette occasion, les chefs d’État et de gouvernement avaient appelé « au strict respect de l’Accord, en particulier les engagements visant à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays voisins ».

Kinshasa en appelle désormais à des éclaircissements immédiats. « Une telle conduite de la part du MCVE ne saurait et ne devrait en aucun cas refléter la position de l’ensemble de la CIRGL », précise la déclaration du MNS, appelant à « un éclaircissement urgent de la part du Secrétariat Exécutif de l’organisation ».

De son côté, la RDC « réaffirme son engagement indéfectible en faveur de la paix, d’une coopération régionale et du règlement pacifique des différends », tout en rejetant « toute forme de légitimation des groupes armés ».

Signée par le Professeur Ntumba Luaba Lumu, Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi, cette déclaration sonne comme un rappel solennel au respect des accords régionaux, et place la CIRGL face à ses responsabilités.

Osée MABIALA

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