RDC | Trois ans d’occupation Bunagana: Le Dr Mukwege souligne la responsabilité de Kinshasa

Trois ans après la prise de contrôle de la cité stratégique de Bunagana par les rebelles du M23, soutenus par Kigali, le Dr Denis Mukwege pointe la responsabilité directe du gouvernement congolais dans la dégradation continue de la situation sécuritaire à l’Est. Dans une déclaration publiée sur son compte X ce jeudi 12 juin, le Prix Nobel de la paix dresse un réquisitoire sévère contre la gouvernance de Kinshasa, tout en dénonçant l’inaction de la communauté internationale.

« Cela fait 3 ans jour pour jour que la cité frontalière commerciale stratégique de Bunagana… est contrôlée par les rebelles du M23 soutenus par le régime de Kigali », affirme-t-il, en évoquant la peur, les déplacements massifs et les humiliations que subissent les populations locales.

Mais c’est surtout à Kinshasa que Mukwege adresse ses critiques les plus tranchantes : « Les autorités de la République n’ont jamais déployé la volonté politique nécessaire pour réformer le secteur de la sécurité, assainir la fonction publique et adopter une stratégie holistique de justice transitionnelle ». Pour lui, cette absence d’engagement réel de la part du pouvoir central est en grande partie responsable de « la dégradation sécuritaire » et de son impact désastreux sur la population.

Selon le gynécologue engagé, la situation à l’Est révèle une crise plus large du leadership national. Il déplore une gouvernance sécuritaire « caractérisée par l’absence de planification, le défaut de vision stratégique, et le recours à l’externalisation par des partenariats militaires bilatéraux et régionaux fluctuants », auxquels s’ajoute l’implication de groupes armés non étatiques et de sociétés privées de sécurité.

Mukwege accuse par ailleurs le Rwanda d’agression et d’expansionnisme territorial. Il dénonce un pillage organisé des ressources congolaises « dans l’indifférence complice de la communauté internationale ». À ses yeux, cela fait trois ans que « la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RDC sont violées » par un pays qui méprise ouvertement la Charte des Nations Unies.

Il regrette aussi l’échec des multiples tentatives de désescalade et la faiblesse des réactions internationales. « Cela fait 3 ans que la communauté des États et les institutions internationales ont laissé pourrir par des paroles creuses, des condamnations superficielles et des mesures timides cette crise devenue multidimensionnelle », écrit-il, tout en saluant la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en février 2025, qui doit servir de socle à un règlement durable.

Il a également lancé un double appel. D’un côté, il exhorte la communauté internationale à imposer « des sanctions politiques et économiques fortes » contre Kigali, de l’autre, il invite Kinshasa à « ne pas sacrifier la justice dans les négociations en cours », insistant sur le fait que « seule la justice et des réparations pourront briser le cycle de la violence et de l’impunité ».

Une mise en garde qui résonne fortement alors que l’Est du pays reste embourbé dans une crise profonde, sans issue visible à court terme.

Osée MABIALA

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