Pas besoin de faire dans la dentelle chez Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice et Garde des Sceaux. Pour mettre fin au banditisme urbain (Kuluna), qui gangrène les quartiers de Kinshasa et certaines provinces, l’homme ne jure que sur la fermeté dans la répression de ce fléau.
«Le ministre de la justice n’est pas pour réfléchir sur comment contenter les kuluna. Tu violes la loi, on t’arrête…», a-t-il affirmé hier, lundi 6 décembre 2024, lors d’un Briefing de presse aux côtés de son collègue Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, et porte-parole du gouvernement.
Mutamba reste droit dans ses bottes et ne recule devant les critiques qui fusent à propos de l’application de la peine de mort qu’il soutient face aux Kuluna.
«Nous adoptons une attitude de la fermeté. Le kuluna est un phénomène qu’il faut prendre avec beaucoup de fermeté. Il y a tout une procédure pour exécuter la peine de mort. Lorsque vous lisez l’article 345 du Code judiciaire militaire, c’est bien établi avant d’exécuter la peine de mort», a fait savoir le ministre d’État en charge de la Justice.
Ce dernier de poursuivre: «La stratégie que nous avons mise en place, c’est celle de pouvoir déférer tous ces criminels devant les juridictions aussi bien militaires que civiles. Sur la question de juridiction militaire, nous nous appuyons sur l’article 157 du Code pénal militaire, mais aussi des dispositions pertinentes du Code militaire. Les actes que posent les kuluna relèvent du terrorisme et cette infraction est prévue par le Code militaire».
Puis: «La République démocratique du Congo est un État de droit, et l’État de droit signifie que les gouvernants et les gouvernés sont tous soumis à l’autorité de la loi. Il s’agit de la dictature de la loi. Dès lors que les cours et tribunaux congolais condamnent les kuluna, que doit faire le ministre de la Justice? Il y en a qui sont condamnés à des peines d’emprisonnement de 5 ans, 10 ans ou 20 ans, selon la gravité des faits».
« Ne pas répondre à la sauvagerie par la sauvagerie«
La démarche du ministre de la justice n’est pas vue d’un bon œil par tous. Côté opposition, Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi, leader du parti Ensemble pour la République, estime que les postures de Constant Mutamba heurtent la conscience collective.
«Dans une société démocratique, des vies ne devraient jamais être sacrifiées sur l’autel de la vengeance ou de la peur. Aucune société ne peut se libérer de ses échecs en se livrant à la barbarie», a-t-il écrit sur le réseau social X.
Pour lui, la justice ne doit pas répondre à la sauvagerie par une autre sauvagerie. «La peine capitale est un acte irréversible qui annihile toute possibilité de pardon et de réhabilitation. Chaque individu, fût-il un enfant abandonné à la violence de la rue, mérite une chance de rédemption. Et c’est le devoir de l’Etat de mettre en place les conditions de sa réhabilitation», a martelé Kamitatu.
Des résultats palpables
Les Kinois constatent un net changement. Comme le dit le ministre d’État Mutamba, «il y a sensiblement baisse de la criminalité urbaine à Kinshasa». On peut dire que la dissuasion qu’inspire les opérations Ndobo menée par le ministère de l’Intérieur et Police nationale qui arrête, et zéro Kuluna menée par le ministère de la justice et les Cours et tribunaux, portent ses fruits.
«Il n’y a pas eu d’exécution des Kuluna. Nous avons pu organiser plus de 11 audiences foraines et plus de 300 kuluna ont été condamnés. C’est pour dire que ces procès ont été organisés sur la base de l’ordonnance-loi sur la répression des infractions flagrantes pour permettre de faciliter la célérité des procédures», a précisé le ministre Constant Mutamba.
Il a aussi annoncé la construction des prisons de haute sécurité. Il s’agit notamment de la grande prison centrale de Kinshasa qui sera construite à Maluku avec une capacité d’accueil de 20.000 détenus et dont les travaux prendront deux ans. La prison de Kisangani avec une capacité de 10 000 détenus, une autre à Mbuji-Mayi, Bukavu, Goma…
A en croire le ministre d’État Mutamba, ces ouvrages seront réalisés dans une approche de partenariat public-privé.
HRM