La République Démocratique du Congo a adressé, mercredi 12 février, une lettre à la Formule 1 demandant la suspension des négociations concernant un Grand Prix prévu à Kigali, au Rwanda. Cette demande survient dans un contexte de tensions croissantes, marquées par l’occupation de plusieurs régions de l’Est de la RDC par des troupes rwandaises.
La ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a exhorté le PDG de la F1, Stefano Domenicali, à mettre un terme aux discussions avec le régime rwandais, qu’elle décrit comme « autocratique et expansionniste ». Elle a souligné que cette situation a entraîné le déplacement de plus de 700 000 personnes depuis le début de l’année 2025.
Dans sa lettre, la ministre Thérèse Kayikwamba a fait référence à un rapport de l’ONU, confirmant la présence de 4 000 soldats rwandais en RDC, une situation qualifiée de violation de la souveraineté nationale. Elle a mentionné que les Forces de défense rwandaises (RDF) et le mouvement rebelle M23 ont été responsables de la mort de 17 Casques bleus depuis le début de l’année.
« Les RDF ont ignoré un cessez-le-feu que j’avais convenu avec mon homologue rwandais », a-t-elle déclaré, ajoutant que ces forces ont bombardé des zones civiles à Goma, causant environ 3 000 décès, selon les Nations unies. Elle a posé une question sans langue de bois : « La Formule 1 désire-t-elle vraiment que sa marque soit salie par une association entachée de sang avec le Rwanda ? ».
La lettre soulève également des préoccupations concernant les fonds que le Rwanda utilise pour organiser le Grand Prix. L’ONU a indiqué que le Rwanda a été impliqué dans l’exploitation illicite des minerais dans les zones occupées, un pillage qui pourrait représenter jusqu’à 1 milliard de dollars US pour l’économie congolaise chaque année.
Bien que la ministre ait salué l’ambition de la F1 d’organiser un Grand Prix en Afrique, elle a rappelé que le Rwanda n’est pas le seul pays pouvant accueillir cet événement, proposant plutôt la candidature de l’Afrique du Sud. Elle a qualifié cette alternative de « décision appropriée (et facile) à prendre », évoquant même la perte de soldats sud-africains lors de missions de maintien de la paix en RDC.
Enfin, Thérèse Kayikwamba Wagner a lancé une invitation ouverte à Stefano Domenicali pour discuter de la situation au Nord-Kivu et fournir des informations actualisées sur le conflit en cours.
La réponse de la Formule 1 et l’avenir des négociations restent à voir dans ce contexte tendu.
Jordan ANGEMITO